Bonjour
Nous sommes de retour au Brésil, avons remis
du nord dans notre voyage et sommes repassés le Tropique du Capricorne il y a 3
jours. Partis de Buenos Aires, nous avons à nouveau longé la côte
uruguayenne, fait une longue escale à Piriapolis pour soigner notre bateau - antifouling,
couture et révisions diverses - fait une autre longue escale à Rio Grande do Sul en
attendant du vent du sud, puis nous nous sommes arrêtés à Paranagua pour aller visiter
les chutes d'Iguaçu. Magnifique. Le spectacle est grandiose, même si cette année il y a
peu d'eau : le plus bas niveau depuis 70 ans !! Nous avons aussi visité le barrage
d'Itaipu, le plus grand barrage du monde, qui fournit 25 % de l'énergie électrique du
Brésil et 90 % de l'énergie électrique du Paraguay. Il est construit à cheval sur la
frontière, sur la rivière Parana, et tout est fait à 50 % : l'énergie, le nombre
d'employés depuis la construction jusqu'à maintenant, il y a même 2 directeurs, un
brésilien et un paraguayen !
Puis nous avons eu envie de faire de la
navigation en eaux calmes. On nous avait parlé d'un canal qui rejoint Paranagua à
Cananeia, mais nous n'avions pas trouvé de cartes, et dans la marina de Paranagua, un
couple de brésiliens nous ont donné une revue avec les waypoints à suivre pour cette
navigation. Alors nous l'avons tentée, et réussie, mais c'est vraiment une navigation
pour bateaux à moteur ou pour dériveurs, un voilier avec une quille ne passerait pas.
Petit résumé :
La navigation sur le Canal do Varadouro
est magnifique mais très difficile car il n'est vraiment pas profond, entre rien et 3 m !
C'est plein de bancs de sable que l'on ne peut pas voir, et qui se déplacent, à tel
point que même les natifs du coin, et pêcheurs de surcroît, s'échouent avec leurs
barques qui n'ont pourtant pas beaucoup de tirant d'eau ! Les cartes ou les waypoints sont
donc assez aléatoires. Le premier soir nous avons mouillé près d'une île dont on nous
avait dit que c'était un dortoir à perroquets. En effet, nous en avons vu arriver des
dizaines, deux par deux, et se brancher en caquetant tant et plus jusqu'à la tombée de
la nuit. Et là, silence total ! La nature pure et calme ... Le 2e jour nous nous sommes
échoués et n'avons pas réussi à nous dégager. Il fallait attendre la
marée. Un premier pêcheur est venu faire la causette, nous avons surtout parlé de la
marée, puis il nous a vendu ... non pas du poisson, mais des huîtres délicieuses. Menu
inattendu mais excellent. Une heure plus tard, un autre pêcheur est venu avec ses deux
jeunes enfants dans sa barque. Il ne parlait pas beaucoup, disait que la marée allait
venir mais plus tard, et restait là. Puis au bout de 20 minutes environ, nous
demande si nous voulons qu'il nous tire. Bien sûr. Alors nous amarrons L'océanite à sa
barque et il nous dégage sur le côté jusqu'à ce que nous ayons à nouveau assez d'eau.
Nous lui donnons un peu d'argent et il se propose de nous guider jusqu'à la sortie du
"lac". Heureusement car non loin il y avait à nouveau des pièges ! Plus
loin le canal est plus étroit et, c'est plus facile de trouver l'eau : à l'extérieur
des virages. Mais quand se forme un lac, on ne voit rien et c'est impossible de deviner
où se trouve la passe, quand il y en a une ! Et puis, quand nous voyions un bateau
(toujours de petits bateaux à moteur, pas d'autre voilier), soit nous pouvions suivre sa
trace pendant un moment s'il allait dans le même sens que nous, soit les gens nous
faisaient des signes pour nous indiquer où passer. Contacts fugitifs, mais sympathiques.
Nous avons passé la 2e nuit au beau milieu du canal car c'est là que nous avions 3 m de
profondeur d'eau, et nous pensions que nous ne verrions plus personne. Le canal était
étroit et nous étions très près des palétuviers et autres arbres, très près des
moustiques et des bourrachudos (minuscules mouches qui vous bouffent en rien de temps). Et
un petit bateau est passé dans la nuit noire, puis un bateau à passagers. Comment il s'y
retrouvent, mystère ! Le 3e et dernier jour a été plus facile car nous n'avons plus
rencontré ces grandes étendues d'eau, sauf à la fin, mais des gardes du parc national
(car c'est un parc national) sont passés juste à temps pour nous donner des indications.
Et nous sommes arrivés à Cananeia pour la fête de la mer : le 15 août c'est la fête
de Nostra Senhora do Mar. Il y a eu concours de décorations de bateaux, procession à
terre et sur l'eau, et musique partout. Cananeia est la première ville construite au
Brésil, et la vieille ville est très bien restaurée. Jolie escale.
Puis nous nous sommes inquiétés de la sortie
car devant Cananeia, il y a une barre de bancs de sable. Il y a bien des bouées, mais peu
et les bancs de sable changent de place. Les pêcheurs connaissent, donc nous nous
adressons aux pêcheurs. Rendez-vous est pris pour le lendemain entre 8 et 9. Nous
avançons dans le chenal avant eux car nous allons plus lentement, et les attendons.
Finalement il n'y en a qu'un qui vient et nous fait signe de le suivre. A 20 m derrière
le pêchou, nous passons la Barra de Cananeia, dans les vagues et le vent du sud, contre
un courant de presque 2 nds. Heureusement qu'il était là, cela nous a bien aidé.
Arrivés de l'autre côté, il nous dit au revoir et il est parti vers le sud. Nous avions
trop à faire avec notre bateau dans 5 m d'eau avec 25 nds de vent et des vagues pour
vraiment le suivre des yeux. Et c'est avec plaisir que nous avons vu le sondeur descendre
à 6, puis 7, puis 8 et enfin 10 m ! Dérouler le génois et nous filons à 7 nds vers le
nord-est, vers Angra dos Reis et la Baia de Ilha Grande. Des albatros nous ont suivis
jusqu'à l'entrée de la baia.
Nous avons retrouvé notre place au ponton de
Marinas, retrouvé les amis de l'année passée, nous avons un peu l'impression d'être
rentrés à la maison !
Bises à tous - Elisabeth et Jean-Claude à
bord de L'Océanite