Salut
Il
y a quelques jours nous étions à Kaolack, deuxième ville du Sénégal. C'est
consternant. On dirait un immense village crade, et quand nous disons crade, c'est gentil.
Nous avons appris que son surnom auprès des toubabs (toubab veut dire homme blanc) est
Kradolak ! Il nous semble que les gens vivent dans les détritus, les immeubles sont sur
le chemin de la ruine, et ne parlons pas des routes. Nous avons pris un taxi-brousse : le
nom est joli, mais il s'agit d'un minibus prévu pour 9 personnes, et nous étions 25
(sans compter les bébés). La route est tellement défoncée que sur de grands tronçons,
le taxi-brousse roule sur les bas-côtés. Pour faire 60 km, il a fallu deux bonnes heures
! Avec les arrêts, nous avons mis 6 heures aller-retour.
Puis
ce dernier week-end, nous sommes allés dans un petit village de pêcheurs pour assister
à un tournoi de lutte sénégalaise. 2 heures de pirogue (contre le vent nous sommes
arrivés trempés) et avons été accueillis chez la famille d'un gars rencontré à
Foundiougne. Sympa, mais rustique : un matelas parterre, sans draps et sans oreillers. Le
village n'a pas l'électricité et l'eau est dans deux citernes sur une place. Donc les
femmes bidonnent, et pour la douche tu as un seau d'eau et un plus petit récipient pour
te jeter l'eau dessus ! Mais vu qu'il fait chaud, il n'y a pas besoin de chauffer l'eau !
Nous avons apporté la nourriture pour toute la maison, et les femmes nous ont servi des
plats sénégalais.
Les
combats de lutte se passent le soir dans une arène spéciale. Les bancs de l'école
servent de sièges. Les femmes mettent leurs plus beaux boubous et leurs plus belles
coiffes et se pavanent. C'est assez incongru, le sable, les lutteurs en short qui
s'aspergent d'eau puis de sable, et les femmes sur leur 31. Tout ça au son des tam-tams
et des chants traditionnels. Nous sommes restés 2 jours là-bas, et sommes assez contents
d'avoir retrouvé notre "home sweet home" cet après-midi.
Partout
où nous allons, nous rencontrons des Sénégalais vraiment gentils et accueillants (mais
c'est le toubab qui paie tout !). Ils sont musulmans, chrétiens ou animistes, mais tous
font preuve de la plus grande tolérance pour la croyance des autres. Dans certains
villages, on voit les moutons et les chèvres côtoyer les cochons à la recherche
d'épluchures (vu que tout le monde les jette dans la rue, ils ont de quoi manger même si
l'herbe ne pousse que pendant la saison des pluies). Ils s'invitent les uns les autres à
leurs fêtes religieuses, et certains musulmans n'hésitent pas à manger du cochon
aux fêtes de leurs amis chrétiens. Ils ont une croyance commune : les grigris !
Hier soir, deux amis, l'un chrétien, l'autre musulman, nous ont expliqué que certains
marabouts sont capables de fabriquer des grigris qui empêchent les couteaux de te couper,
et même arrêtent les balles de fusils ! Et ils sont sérieux et ne comprennent pas nos
airs sceptiques.
La
saison des pluies n'a pas encore commencé, mais il fait assez chaud maintenant. Pas
encore de moustiques, ni de coups de soleil, tout va bien.
Amitiés
Elisabeth
et Jean-Claude